Le fabricant de camping-car NOTIN va fêter ses 100 ans en 2021. Cette marque, basée à Panissières dans la Loire, développe depuis près de 100 ans des caravanes et désormais exclusivement des camping-cars qui sont associés à une certaine idée du luxe.
Certains se rappellent de ces caravanes longtemps reconnaissables à leurs lanterneaux et volets en bois. Si les matériaux ont bien évolué, tout comme les équipements, on trouve toujours des volets en option sur les camping-cars Notin tout comme une véritable ébénisterie assemblée avec le système de tenons-mortaises.
Aux origines, des remorques de camping
Mais revenons aux origines de Notin. Francis Notin construit à partir de 1921 des remorques d’habitation foraines, d’abord à traction animale, puis, à partir de 1928, automobile avec son frère Joseph. En 1933, les frères Notin créent une caravane de tourisme à la demande d’un avocat de Nice. Ce modèle s’écarte de la roulotte grâce à sa porte latérale et non arrière, tout comme elle adopte des lanterneaux, vecteurs de lumière et d’air frais. Les vitres descendent dans les parois. En 1934, Joseph Notin rachète l’atelier à son frère et se consacre à la remorque de camping. C’est le premier constructeur à exposer à la foire de Paris en 1935.
Avec la Seconde guerre mondiale des réorientions de production sont opérées comme pour beaucoup d’usines. L’heure n’est plus au tourisme et la marque répond aux commandes de l’Etat pour construire des caravanes de travaux publics, radiologie, radiodiffusion, des remorques agraires et des gazogènes. Après-guerre, le tourisme reprend, mais il est encore réservé à une certaine élite.
Les années 1950, 60 et 70, la popularisation des vacances en camping
Dans les années 50, 60 et 70, de nombreux modèles voient le jour allant de 3 mètres à 7 mètres. Notin produit même des caravanes double-essieux. Les caravanes Notin sont déclinées en deux gammes, une légère avec des volets aluminium, équipements en option, et une tradition avec volets en bois toute équipée. A partir d’une certaine taille ou en option, elles adoptent souvent une seconde porte pour les cabinets de toilettes dont les murs sont tapissés de Panolac. Les couleurs varient selon les époques et les goûts de leurs propriétaires ; rose, bleu, noir ou orange. Différents bois sont proposés, pin d’Orégon, érable moucheté, acajou, Zebrano.
Les formes évoluent assez peu au fil des années, toujours marquées par un certain arrondi qui s’atténue avec les années. On remarque aussi quelques différences au niveau de la forme des passages de roues ou des fenêtres, arrondies puis plus carrées. Les Notin des années 1970 sont reconnaissables à une fine bande brune à mi-hauteur. Elles sont nommées Benjamine (3m40), Chaumine (3m50- 610 Kg), Hirondelle (3m50- 610 Kg), Résidence (4m-900 Kg), Villula (4m50, 950 Kg), Vedette (5m40-1100 Kg), Ker (5m40-1300 kg), Corvette (5m40-1300 Kg) ou encore Florilège (6m -1400Kg). On les distingue aussi par leur nombre de lanterneaux allant d’un à huit.
Dans les faits, il est parfois difficile de s’y reconnaitre parmi les différents modèles en raison de multiples variations possibles tant au niveau de la longueur/largeur que de la disposition. Elles sont faites sur mesure. La production est artisanale dans l’organisation et le nombre d’unités produites. Si l’on en croit les chiffres de 1975 de la Chambre Syndicale des Constructeurs de Caravanes qui ne concernaient que celles immatriculées de plus de 500 kgs en PTAC, Notin produit 24 caravanes en 1975 contre 15 000 pour Digue ou près de 8000 pour Sterckeman. Les caravanes Notin restent des modèles réservés à une certaine bourgeoisie à une époque où le camping et surtout le caravaning s’est déjà largement démocratisé.
Les Notin nécessitent pour la plupart des modèles de puissantes tractrices, américaine ou Citroën DS comme on le verra sur les publicités de la marque. A la fin des années 50, Les Notin sont équipées du freinage Hydrakup dont la marque est importateur exclusif.
Tentatives de démocratisation de la marque
La marque cherche à plusieurs reprises à produire des caravanes meilleur marché. En 1966, une nouvelle gamme est lancée, l’Astrée, qui comporte 3 modèles (3m20, 4m et 4m70).
1970 voit apparaître une nouvelle gamme « Caravelle ». Cette caravane étrangement cubique mais qui conserve les lanterneaux est même proposée en 2 ou 4 places, 2 à 3 fois moins cher qu’une Notin classique de même taille. Il s’agit d’après une publicité d’une licence Notin.
Dans les années 1980, c’est au tour de la Notin 2000, mais aucune de ces tentatives de construction pour « démocratiser » la marque ne trouve son public. Ce mot est d’ailleurs un peu fort. Il s’agir de proposer une caravane plus moderne. Une Notin 2000 de 4m vaut 42000 francs quand une Notin Tradition de même taille vaut 10 000 euros de plus. Elle est certes plus moderne lorsqu’on la compare à l’ancienne gamme mais aussi plus légère avec un PTAC de 1000 Kg. La Marque Adria dont les ventes sont très importantes à l’époque coûte dans les 15 000 euros pour un modèle de même taille. Il ne s’agit pas bien évidemment du même standing. Notin est Haut de gamme et le restera. C’est certainement ce qui lui a permis de subsister jusqu’à nos jours.
Le fondateur de la marque décède en 1959, à l’âge de 56 ans. La marque reste familiale jusqu’en 1969 où Madame Coursin-Notin, sa fille, quitte l’entreprise. En 1970, une Notin sur deux est un camping-car. L’usine est donnée en gérance en 1978 à Pierre Bruan et, depuis 1990, elle ne produit plus que des camping-cars.
Du « Living Car » au Camping-Car Notin
On les croise de nos jours sur les routes, des modèles intégraux aux proportions souvent impressionnantes. Leur équipement est digne aussi des meilleurs appartements de luxe. Mais quand apparaissent leurs précurseurs ?
On trouve en 1951 dans la presse spécialisée la mention de deux camping-cars, un Notin et le Passe-partout de Pierre Digue, tous deux construits sur châssis Renault 1000 kg. Le moteur 2,3 l essence de 14 CV développe 46 ch à 2 800 tr/min et il est servi par une boîte 3 rapports. La carrosserie est à chaque fois le travail de l’aménageur qui ne conserve que la cabine de conduite et le châssis Renault, avec toit plat ou à lanterneaux, vitres descendantes occultées et tout le confort que l’on rencontre dans les caravanes Notin.
Dans les années 70 les porteurs proposés étaient plus nombreux et choisis en fonction de la taille et du poids des cellules. Les plus légères sur Ford Transit, Peugeot J7 et Citroën C35. Les moins légères et les lourdes sur Mercédès 408, 508 ou encore Hanomag. Il y eut aussi quelques cellules sur Renault Estafette mais la faible puissance de ce véhicule n’était pas adaptée au poids à emmener.
Il est à noter que dans le passé on n’appelait pas une cellule sur porteur un camping-car mais un camion camping. Cela faisait véhicule utilitaire et ne convenait pas au standing des NOTIN dont on surnommait les caravanes » les yachts de la route » comme on peut le voir sur plusieurs publicités. Le nom » living-car » plus chic a donc été choisi par la marque d’après Mme Andrée Coursin-NOTIN.
En 2005, pour les 90 ans de la marque, l’entreprise compte 50 salariés et produit 80 à 110 camping-cars par an. La marque aura l’an prochain 100 ans, la Success Story continue grâce à des entrepreneurs inventifs et qui n’oublient pas le passé.
Christophe Leroy, membre du RCCF.
Sources :
Bruno Leroux et Maurice Girard, « Caravanes de chez nous », Ed. MDM, 1998
Sylvie et Franck Méneret, « Caravanes de France et d’ailleurs 1920-1960 », E-T-A-I
Magazine le Caravaning, sept 1966, N°132.
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